Lyon : Fermeture du CNP Odéon
Posté : 18 Aoû 2009 16:49
Fermeture du CNP Odéon (Lyon)
Si la fermeture de la salle d'art et essai lyonnaise, en mauvaise santé financière, n'étonne personne, la méthode expéditive employée par son propriétaire fait débat.
Comment déménager un cinéma de centre-ville dans le plus grand secret ? Cette mission a priori impossible, Galeshka Moravioff, propriétaire des Cinémas Nationaux Populaires, l'a relevée presque sans faute. Vendredi dernier, les employés des CNP ont découvert avec stupeur que le matériel de projection de la salle de l'Odéon avait disparu. Croyant d'abord à un vol, le directeur-programmateur des CNP, Marc Artigau, a porté plainte au commissariat du 2e arrondissement. Lors d'une seconde visite, les employés se sont rendus compte qu'il ne s'agissait pas d'un acte de malveillance, mais d'un déménagement. Supervisé par Moravioff en personne. "C'est mon droit le plus absolu, déclare le propriétaire des CNP. Je ne vois pas pourquoi je préviendrai les employés d'une décision technique." La salle de l'Odéon, qui devait rouvrir le 19 août après une période de fermeture estivale, a été entièrement vidée par des camions de déménageurs. En plus du projecteur, envoyé à une salle marseillaise dont Moravioff est également propriétaire, les enceintes et les fauteuils ont été enlevés, ainsi que trente années d'affiches de cinéma.
Des salariés désemparés
Les salariés du groupe, eux, ne cachent pas leur trouble : "Quand j'ai appris ça, j'ai été choqué, confie l'un d'eux. On s'attendait à une fermeture, mais pas à ce qu'on déménage tout dans notre dos". Inquiet, un employé du CNP Terreaux explique : "On est dans le flou le plus complet en ce qui concerne nos emplois. Depuis le début de cette histoire, le propriétaire ne nous a rien communiqué." Un spectateur en colère compare l'attitude de Moravioff à celle des "voyous du capitalisme, qui déménagent les appareils de production des usines à l'insu des employés". Livrés à eux-mêmes, les salariés envisagent de se mobiliser mais ignorent encore quel genre d'action ils pourraient mener.
Qui a tué l'Odéon ?
Joint par téléphone, Galeshka Moravioff, ne cache pas son agacement face à ces accusations : "Je ferme ce cinéma à contre-coeur. L'Odéon est une victime collatérale de la concurrence des multiplexes". Il impute aussi la responsabilité de cette faillite à la situation précaire de la distribution indépendante. Mais surtout, il pointe du doigt le manque de soutien des collectivités locales : "Le CNP Odéon aurait pu survivre avec des aides de la mairie et de la région", regrette-t-il. Avec de nombreuses dettes et une fréquentation en baisse, l'état financier des CNP se dégradait depuis des années. Mais beaucoup rejettent la faute sur la gestion de Moravioff, et estiment qu'il aurait favorisé ses salles marseillaises et parisiennes au détriment des salles lyonnaises.
Un futur incertain
L'avenir semble plus sombre que jamais pour les CNP. "Il faudra envisager une restructuration", concède Moravioff, qui doute malgré tout que ces mesures assureront la pérennité du groupe. Jean-François Buiré, président de l'association Les Inattendus, qui soutient le cinéma indépendant à Lyon, croit savoir que Moravioff ne souhaiterait conserver que la salle de Bellecour. Information démentie par le principal intéressé, qui affirme ne pas avoir d'autre fermeture prévue. Les salariés semblent plus sceptiques : "Moravioff raconte que des conneries ! , s'emporte l'un d'eux. Il dit à certains employés qu'il va fermer Bellecour, à d'autres qu'il va fermer Terreaux." Si d'autres salles du CNP venaient à mettre la clé sous la porte, Lyon perdrait avec elles un pôle majeur de l'art et essai audacieux.
Source :
Article original :
http://www.lyoncapitale.fr/index.php?me ... ticle=8449
Auteur :
Loan Nguyen
Si la fermeture de la salle d'art et essai lyonnaise, en mauvaise santé financière, n'étonne personne, la méthode expéditive employée par son propriétaire fait débat.
Comment déménager un cinéma de centre-ville dans le plus grand secret ? Cette mission a priori impossible, Galeshka Moravioff, propriétaire des Cinémas Nationaux Populaires, l'a relevée presque sans faute. Vendredi dernier, les employés des CNP ont découvert avec stupeur que le matériel de projection de la salle de l'Odéon avait disparu. Croyant d'abord à un vol, le directeur-programmateur des CNP, Marc Artigau, a porté plainte au commissariat du 2e arrondissement. Lors d'une seconde visite, les employés se sont rendus compte qu'il ne s'agissait pas d'un acte de malveillance, mais d'un déménagement. Supervisé par Moravioff en personne. "C'est mon droit le plus absolu, déclare le propriétaire des CNP. Je ne vois pas pourquoi je préviendrai les employés d'une décision technique." La salle de l'Odéon, qui devait rouvrir le 19 août après une période de fermeture estivale, a été entièrement vidée par des camions de déménageurs. En plus du projecteur, envoyé à une salle marseillaise dont Moravioff est également propriétaire, les enceintes et les fauteuils ont été enlevés, ainsi que trente années d'affiches de cinéma.
Des salariés désemparés
Les salariés du groupe, eux, ne cachent pas leur trouble : "Quand j'ai appris ça, j'ai été choqué, confie l'un d'eux. On s'attendait à une fermeture, mais pas à ce qu'on déménage tout dans notre dos". Inquiet, un employé du CNP Terreaux explique : "On est dans le flou le plus complet en ce qui concerne nos emplois. Depuis le début de cette histoire, le propriétaire ne nous a rien communiqué." Un spectateur en colère compare l'attitude de Moravioff à celle des "voyous du capitalisme, qui déménagent les appareils de production des usines à l'insu des employés". Livrés à eux-mêmes, les salariés envisagent de se mobiliser mais ignorent encore quel genre d'action ils pourraient mener.
Qui a tué l'Odéon ?
Joint par téléphone, Galeshka Moravioff, ne cache pas son agacement face à ces accusations : "Je ferme ce cinéma à contre-coeur. L'Odéon est une victime collatérale de la concurrence des multiplexes". Il impute aussi la responsabilité de cette faillite à la situation précaire de la distribution indépendante. Mais surtout, il pointe du doigt le manque de soutien des collectivités locales : "Le CNP Odéon aurait pu survivre avec des aides de la mairie et de la région", regrette-t-il. Avec de nombreuses dettes et une fréquentation en baisse, l'état financier des CNP se dégradait depuis des années. Mais beaucoup rejettent la faute sur la gestion de Moravioff, et estiment qu'il aurait favorisé ses salles marseillaises et parisiennes au détriment des salles lyonnaises.
Un futur incertain
L'avenir semble plus sombre que jamais pour les CNP. "Il faudra envisager une restructuration", concède Moravioff, qui doute malgré tout que ces mesures assureront la pérennité du groupe. Jean-François Buiré, président de l'association Les Inattendus, qui soutient le cinéma indépendant à Lyon, croit savoir que Moravioff ne souhaiterait conserver que la salle de Bellecour. Information démentie par le principal intéressé, qui affirme ne pas avoir d'autre fermeture prévue. Les salariés semblent plus sceptiques : "Moravioff raconte que des conneries ! , s'emporte l'un d'eux. Il dit à certains employés qu'il va fermer Bellecour, à d'autres qu'il va fermer Terreaux." Si d'autres salles du CNP venaient à mettre la clé sous la porte, Lyon perdrait avec elles un pôle majeur de l'art et essai audacieux.
Source :
Article original :
http://www.lyoncapitale.fr/index.php?me ... ticle=8449
Auteur :
Loan Nguyen