Pourquoi Arte a déprogrammé le docu « La Cité du mâle »

Comme il n’y a pas que le cinéma dans la vie, parlez de tout ce que vous voulez (... et même de cinéma !)

Modérateurs : Guido, Lully, Thorn, monsieur_vincent, Moa

[phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1107: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable
Avatar de l’utilisateur
Thorn
Messages : 2050
Enregistré le : 28 Oct 2005 13:30
Localisation : Lyon
[phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1107: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable

Pourquoi Arte a déprogrammé le docu « La Cité du mâle »

Messagepar Thorn » 02 Sep 2010 14:14

Pourquoi Arte a déprogrammé le docu « La Cité du mâle »

Par Chloé Leprince | Rue89 | 01/09/2010

Vous avez été nombreux à réagir à l'article « Je vois une fille, je dis : “Elle s'appelle Truc, elle est vierge” » -plus de 700 commentaires. Nombreux aussi à attendre la diffusion du documentaire « La Cité du mâle », sur Arte, ce mardi, à 22h20. Et puis rien : 45 minutes avant l'heure théorique de diffusion, la chaîne décide de le déprogrammer.

Une décision rare qui passe d'autant moins inaperçue que le film de Cathy Sanchez, sur la violence des relations hommes/femmes dans les cités de banlieue, se veut choc.

Peu avant minuit, après un échange avec Rue89, Arte.TV actualise la page dédiée au docu :

« Certains protagonistes du premier documentaire “La Cité du mâle” se sentant en danger, Arte a décidé d'une déprogrammation temporaire de ce film. »

Un peu énigmatique, sachant que, depuis deux jours, sa réalisatrice refuse de répondre à Rue89 « par prudence ».

Daniel Leconte : « Fallait-il aller jusqu'au bout ? »

Ce mercredi, au lendemain de la diffusion avortée, Doc en stock, qui a produit le 52 minutes acheté par Arte, apporte des précisions. Daniel Leconte, le producteur, explique que c'est le « fixeur » -qui défriche le terrain avant et pendant le reportage-, habitant de Vitry-sur-Seine, qui est à l'origine de cette déprogrammation. On apprendra par la suite par Alex Szalat, chez Arte, que le fixeur en question est une femme. Précisions par Daniel Leconte :

« En milieu d'après-midi, Doc en Stock a été alerté par cette personne qui affirmait être directement menacée. Evidemment, nous avons d'abord cherché à faire le tri dans ce qu'elle nous disait, pour évaluer ce qu'il en était.

Sachant que toutes les personnes avaient formellement accepté d'apparaître dans le film et signé les autorisations nécessaires, j'avais du mal à comprendre. Fallait-il aller jusqu'au bout ?

La question se posait, difficile de trancher, d'autant que c'était au dernier moment, et que tout cela était impossible à vérifier si vite. »

La « fixeuse » a ensuite carrément appelé Arte. Qui a pris la décision d'annuler la diffusion jusqu'à nouvel ordre. Depuis, le producteur affirme être « solidaire de la chaîne ».

« On donne un signal terrifiant à ces filles »

La production a prévenu la police afin de faire protéger les protagonistes du film qui le désiraient. Mais Daniel Leconte parle d'une décision prise « la mort dans l'âme » :

« On donne un signal terrifiant à ces filles qui ont accepté de se confier à nous. C'etait une première, un tel film n'avait jamais été fait, et voilà qu'on leur signifie qu'il y a des zones de non droit où l'ont ne peut plus informer. Que ces types peuvent gagner et faire interdire un film.

La question de la censure est beaucoup plus grave que tout le reste, finalement. »

Daniel Leconte est journaliste, il a 61 ans et a reçu le prix Albert Londres. Il affirme que c'est la première fois depuis 1982 qu'un de ses films est déprogrammé. Il s'agissait alors d'un documentaire tourné clandestinement en Union soviétique.

Arte, qui faisait sa rentrée ce 1er septembre, devrait entrer sous peu en négociation avec la boîte de production. Comme le faisait remarquer un lecteur attentif, aucun communiqué de presse officiel du diffuseur n'est toutefois sorti ce mercredi.


Source :
http://www.rue89.com/

Article original :
http://www.rue89.com/2010/09/01/pourquo ... ale-164864

Avatar de l’utilisateur
Thorn
Messages : 2050
Enregistré le : 28 Oct 2005 13:30
Localisation : Lyon
[phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1107: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable

Messagepar Thorn » 02 Sep 2010 14:43

« Je vois une fille, je dis : “Elle s'appelle Truc, elle est vierge” »

Par Chloé Leprince | Rue89 | 31/08/2010

Rue89 a fait réagir deux lycéens de Vitry-sur-Seine, garçon et fille, au docu édifiant « La Cité du mâle » annulé in extremis par Arte.

Ce mardi soir à 22h20, Arte devait diffuser « La Cité du mâle », un documentaire réalisé par Cathy Sanchez dans le cadre d'une soirée intitulée « Femmes : pourquoi tant de haine ? ». La programmation a été annulée au dernier moment par la chaîne qui explique, en commentaire sur Rue89, que certaines personnes se seraient senties en danger.

Dans ce film, la réalisatrice revient à la cité Balzac, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) où Sohane avait été brûlée vive en 2002.

Le film ouvre sur une séquence crue : un jeune prend la défense de son ami, qui a écopé de 25 ans de prison parce qu'il a tué Sohane. Plus loin, la réalisatrice pousse sa caméra au pied de cités voisines et sur des pelouses où d'autres jeunes hommes de 18 ou 24 ans accusent « Ni putes ni soumises » d'avoir « raconté leur vie à la télé » -« rien que des traînées ».

Le verbe est acide, leurs mots font faire des bonds. Ceux de Chahrazad aussi. Brûlée à 66% en 2005 par le petit ami qu'elle venait de quitter, elle dit :

« Tu t'imagines, à 10 ans, tu te dis : “Oh mince, j'aurais dû être un garçon ? ” […] Je crois que le feu, c'est la pire des choses. Personne ne peut comprendre ce que c'est. Surtout le moment où tu t'enflammes : tu as un point d'interrogation dans la tête, tu te demandes : “Est-ce que je vais vivre, mourir, vivre, mourir ? ” »

Caricatural ? Sensationnaliste ? Rue89 a fait visionner le film à des jeunes lycéens de Vitry-sur-Seine que nous suivons depuis une petite année. Eux parlent certainement moins fort, moins cru. Ils soulignent aussi que « présenter ces mecs comme des chefs de bande est vraiment naïf », « plutôt cliché comme toujours sur la banlieue »

Pourtant, à mesure que le film défile, Julie et Amid -les prénoms ont été modifiés-, 16 et 18 ans, retrouvent le climat général dans lequel ils ont grandi. Elle dans une maison, lui en HLM, tous deux en lisière de la cité Balzac - celle de Sohane. A trois jours de leur rentrée en terminale, voici leurs réactions.

« Savoir si la fille l'a déjà fait ou pas »

Tout au long du documentaire, il n'est question que de ça : ce que peut bien être une « fille bien », au contraire d'une « chienne, d'une traînée qui se fait trouer », comme dit Okito, tout juste majeur.

-----------
La vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xemzsc ... from=embed
----------

Amid et Julie confirment :

« Savoir si la fille l'a déjà fait ou pas, on en parle tout le temps entre nous. »

Amid : « Par exemple, je vais parler d'une fille, je vais dire direct : “Elle s'appelle Truc et elle est vierge.” Ça vient d'office. C'est le pilier de la relation homme-femme en banlieue. Si une fille n'est pas vierge, c'est impossible qu'elle se marie, ou alors ce sera avec un cas soc de ouf. »

Julie : « Je suis athée, blanche, pas musulmane. Mais ça compte aussi. C'est un truc de respect pour elle-même, chez la fille. Si vous me dîtes qu'à Paris, la plupart des filles couchent avant le mariage, ça ne m'étonne pas, je sais que c'est normal pour vous. Mais nous, c'est quand même une chienne. Ça marginalise. »

Amid : « C'est deux mondes différents, on n'appartient pas au même monde. Je sais que chez nous une fille sera jamais amenée à se marier si elle l'a fait. Ça n'a rien à voir avec le fait qu'elle ait 18 ans ou pas. Déjà vivre dans les banlieues et réussir, c'est pas facile. Alors si en plus elles font ça, c'est pas sorcier qu'elles galèrent. »

Julie : « Dire non, c'est carrément possible. C'est osé, quand la question se pose au bout de quelques semaines. les mecs insistent de moins en moins, mais d'un autre côté, il y a plein de filles avec lesquelles c'est de plus en plus facile pour eux d'obtenir ce qu'ils veulent. »

Amid : « 80% des mecs l'ont déjà fait, même s'ils ne se marieront jamais avec une fille qui l'a déjà fait. Mais de plus en plus, les mecs attendent eux aussi le mariage. Moi par exemple, je suis pour l'égalité entre les garçons et les filles sur ce plan-là. J'attends. C'est pas la honte, au contraire : c'est respect. Personne va rien te dire. »

Sur Sohane : « C'est abusé de se faire brûler »

Dans le film, plusieurs voix critiquent la médiatisation du meurtre de Sohane. Et prennent la défense de son incendiaire. Ce qui a de quoi choquer.

Julie : « C'est vrai que c'est abusé. Mais à mon avis il parle de quelque chose qui le touche. »

Amid : « Il parle d'un ami à lui qui a pris 25 ans. Tu te rends compte ? 25 ans ! Après, il parle comme beaucoup de mecs de banlieue. A l'écran, ça donne : c'est un Arabe qui parle mal. Oui, il parle violemment, mais le caméraman a quand même réussi à lui parler, que je sache. Il fait des sourires, même. Cette violence, elle est assez classique, quand même. »

Julie : « Sohane, ça fait longtemps que j'en ai pas parlé. Mais ça peut ressortir, de temps en temps. Ça existe. »

Amid : « Jamais j'en parle, alors que j'ai grandi à côté. A mon avis, ça pourrait se reproduire. Pas sûr que ça ait calmé les gens. C'est même de plus en plus possible parce que ça devient de plus en plus normal que les filles se comportent comme ça. L'histoire est pas aussi simple qu'on croit. »

Julie : « Après, c'est abusé de se faire brûler. »

« Si mon copain m'en met une, je retape direct »

Dans le film, deux filles discutent sur un banc. L'une d'elle dit qu'une petite claque « remet les idées en place ». On comprend que la claque va toujours dans le même sens. Que ça rafraichit surtout les idées des filles.

Julie : « Si tu la mérites, prends-là. Mais moi si mon copain m'en met une, je retape direct. »

Amid : « Y a aussi des filles qui mettent des gifles, non ? Moi je suis contre qu'on tape les femmes. Ma sœur, je lui mets les points sur les i, mais je la tape pas. Après, c'est moins choquant chez nous que chez vous. On voit des trucs bien plus graves en banlieue. »

L'autorité du frère : « C'est culturel, c'est normal »

Rachid a 25 ans, il affirme que si sa sœur n'est pas rentrée chez eux « une heure, une heure et demie après son travail », « il la menotte », la fracasse. Sa sœur a 28 ans.

-----------
Voir la vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xen17f ... from=embed
-----------

Julie : « Je trouve ça bien. C'est lui le garçon, c'est à lui de faire attention. Mes petits frères, qui ont 14 ans et moi 16, peuvent me dire de ne pas m'habiller comme ci ou comme ça, par exemple. C'est normal. »

Amid : « C'est culturel. C'est normal. Si ma sœur le fait [coucher avant le mariage, ndlr], c'est comme si j'étais homosexuel, le mec à qui ça arrive, il a plus de nom. Y a des trucs à ne pas faire, quand même. Ça ne change rien qu'elle soit plus vieille, qu'elle ait 28 ans. Tout dépend surtout si le père est à la maison. »

Julie : « Nous, on connaît énormément de familles où la mère est seule avec les enfants. C'est le fils qui prend l'autorité. Après, je comprends que ça vous choque. Mais on a grandi dans ce truc. Y a rien de choquant, pour nous. »

« Si ton fils est homo, tu te tues ? »

Dans le film, Okito dit que si son fils était gay, il « le taperait tellement fort qu'il deviendrait hétéro ». Et aussi que ce ne serait plus son fils. Ce passage a fait marrer Julie et Amid.

Amid : « Dans une cité, c'est impossible. Il n'a rien à faire là. J'en connais pas et j'ai pas envie d'en connaître. C'est toujours cette trace de la religion dans la culture banlieue : c'est pas naturel. »

Julie : « Ça me dérange, mais les gens font ce qu'ils veulent. Mais pas devant moi. C'est pas naturel mais ils font ce qu'ils veulent. »

Amid : « Je ne vais même pas le taper : c'est incorrigible, ça. Ça me dégoûte. C'est contraire à la nature. Je n'arrive même pas à penser “ils font ce qu'ils veulent”, tellement c'est grave. Si ton fils est homo, je sais pas… tu te tues ? »

Julie : « Ça c'est dur, si c'est ton fils. Je ne sais pas ce que je fais. »

Le look : « Faut cacher »

Amid : « Un décolleté, des vêtements moulants, j'assimile ça direct au fait de le faire [coucher, ndlr]. »

Julie : « Je suis bien en jogging. Mais parfois je mets des tuniques avec des leggings. »

Amid : « Ça, c'est déjà trop. Faut cacher. Soit tu le fais, soit tu le fais pas. Un décolleté, montrer ses cuisses dans des leggings moulants, c'est déjà trop. La femme ne se respecte pas, là. C'est un truc d'idéal féminin. Une femme doit se respecter.

Je pense que nous, les mecs de banlieue, on a dans la tête un idéal de pureté. On a une image idéale de la femme. C'est ce dont parlent tous les mecs du film, au fond. Son corps, la femme doit le réserver à elle-même et à son mari. Ça fait partie de la magie. »

« Ne pas s'afficher ça fait le romantisme »

Ancien des cités et homo, un jeune homme au visage flouté parle de ce qu'est un jeune type de banlieue. D'une forme de verrou social qui prohibe le romantisme, l'attention envers une fille avec qui l'on est.

----------
Voir la vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xen0ae ... from=embed
-----------

Amid : « C'est clair que c'est caché. Tu ne le montres pas. Mais tous les mecs, quand ils sont avec leur meuf au téléphone à minuit, ils font forcément les canards à un moment ! »

Julie : « Refuser de s'afficher, c'est pas pour tout le monde, ça dépend quand même d'un garçon à l'autre. »

Amid : « C'est une question de pudeur, aussi. De respect de soi-même, à la limite. Ça fait partie du charme, aussi, de ne pas s'afficher. En fait, c'est ça qui fait le romantisme. Mais disons que c'est un romantisme un peu retravaillé ! »

Source :
http://www.rue89.com

Article original :
http://www.rue89.com/2010/08/31/je-vois ... rge-164613

Avatar de l’utilisateur
Thorn
Messages : 2050
Enregistré le : 28 Oct 2005 13:30
Localisation : Lyon
[phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1107: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable

Messagepar Thorn » 02 Sep 2010 14:46

"La Cité du mâle"

Retour à Vitry, où Sohane fut assassinée dans un local à poubelles, et coup de projecteur sur les agressions machistes dans les cités.

2004, à Marseille : Ghofrane, 23 ans, est lapidée. 2005, à Neuilly-sur-Marne : Chahrazad, brûlée à 60 % par son ex-petit ami, est maintenue plus de six semaines dans un coma artificiel. 2009, Oullins, dans la banlieue de Lyon : Fatima, 22 ans, est étranglée par son frère… La jeune femme s’était fiancée et avait trouvé un emploi. Chaque jour, les services de police enregistrent plus d’une vingtaine de plaintes pour des actes de délinquance similaires… Cathy Sanchez s’est immergée plusieurs semaines à Vitry, là où, en 2002, Sohane, 17 ans, est morte brûlée vive dans un local à poubelles… La réalisatrice, qui s’était mobilisée à l’époque, veut comprendre comment les choses ont évolué. Pourquoi les violences faites aux femmes sont-elles trop souvent ignorées ou minimisées ? À travers les scènes de la vie quotidienne, les dits et les non-dits, se dégagent les valeurs autour desquelles se construit une certaine identité masculine et le constat d’une situation qui ne cesse de se dégrader.

La Cité du mâle
Documentaire de Cathy Sanchez
(France, 2010, 50mn)

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-mon ... 88108.html


[phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1107: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable
[phpBB Debug] PHP Warning: in file [ROOT]/vendor/twig/twig/lib/Twig/Extension/Core.php on line 1107: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable

Retourner vers « Café Court non sucré »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 63 invités