Ces films faits avec trois fois rien

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Thorn
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Ces films faits avec trois fois rien

Messagepar Thorn » 03 Juil 2011 13:03

Ces films faits avec trois fois rien

lexpress.fr - 24/06/2011


Copie écran du film Les seigneurs d'Outre-Monde de Rémi Hoffmann, diffusé sur Dailymotion. Un résultat "pas totalement professionnel, mais honnête."

Du 25 juin au 1er juillet, c'est la Fête du cinéma. Sur Internet, elle a lieu toute l'année avec des mordus de la caméra qui mettent en ligne, gratuitement ou presque, leurs films réalisés grâce aux nouvelles techniques et à une maîtrise du système D. Portraits de groupes.

Au fond d'un bois, un jeune homme en déshabillé rouge très échancré et une demoiselle vêtue d'une robe légère entrent à tâtons dans un marais plus proche de la décharge que du paysage bucolique. "Oh ! Ça schlingue !" s'écrie-t-elle. "C'est normal, il y a des poches de méthane !" lui répond un zigue en retrait, qui ajoute aussi sec : "Action !" On est donc en plein tournage d'un film, Les Seigneurs d'Outre-Monde, de Rémi Hoffmann, épopée fantastico-médiévale proche d'un Kingdom of Heaven, de Ridley Scott, les moyens en moins. 4 000 fois moins, très exactement. 120 millions d'euros pour la superproduction, 30 000 pour son outsider. Sauf que celui-ci ne sortira pas en salles. Il sera diffusé directement sur le Net. Et les cinéastes en herbe sont de plus en plus nombreux à adopter cette démarche.

De la même manière qu'à la fin des années 1950 la Nouvelle Vague s'emparait de la rue grâce à une pellicule plus sensible à la lumière et tournait ainsi le dos aux machineries lourdes et dépassées du tournage en studio, des réalisateurs se contentent de leur caméra numérique ou de leur téléphone portable pour raconter leurs histoires, comptant bien sur Dailymotion, YouTube ou une bande passante quelconque pour exploiter leurs oeuvres. Trop de films sortent en salle ? Attendez de voir l'avalanche qui va déferler sur le Net. Le seul programme MotionMaker de Dailymotion, réservé aux réalisateurs amateurs ou semi-professionnels, compte 35 000 inscrits. Pour l'instant, une minorité d'entre eux se risquent au long-métrage, quand la plupart versent dans le court ou la websérie, parfois avec un succès phénoménal, tel Le Visiteur du futur, feuilleton qui a cumulé 9 millions de vues !

De quoi titiller la curiosité des investisseurs. Quoique, ceux qui ont pignon sur rue ne sont pas encore convaincus par cette configuration 2.0. "C'est un épiphénomène, considère le producteur Christophe Rossignon. Raconter des histoires est une chose, les filmer correctement en est une autre. Et il faut de l'argent pour cela. Or, le modèle économique d'une exploitation sur le Net n'est pas au point. On n'en est qu'aux balbutiements d'un nouveau système."

Et c'est émouvant, des premiers pas. Rien de bouleversant pour l'instant, mais de quoi s'amuser, se détendre, recommander une perle à son voisin... Et au fil de la Toile, on distingue déjà des groupes, des familles, des cousinages. Les fondus de pellicule comme Rémi Hoffmann, les opiniâtres qui suent sang et eau pour leur film, les old school qui démarrent avec un court-métrage comme au bon vieux temps, les pionniers qui, avec un téléphone mobile, se voient déjà à la tête du futur Avatar... Ils ont raison d'y croire. Leur route n'est pas tracée, mais ils ont l'air de connaître le chemin. Suivez les guides.


Les Fondus Les réalisateurs de l'improbable

Ce sont les plus amusants. Les trublions du dernier rang qui fomentent des longs-métrages comme on prépare une bonne blague. En rigolant. Ce qui ne les empêche pas de bosser. A commencer les titres. La palme à Captain Brackmard & la bite de cristal, un film de superhéros tourné à Paris pour 2 500 euros. A ce tarif, la facture artistique est ridicule. Pourtant, pas moins de huit cadreurs et cinq preneurs de son se sont relayés durant les dix-huit jours de tournage étalés sur six mois - le bénévolat draine forcément des techniciens interchangeables et un planning échelonné. Le résultat est potache, foutraque, grossier, mais répond à une liberté d'expression chère à son réalisateur, Pascal Jaubert, 35 ans, scénariste professionnel dans la vraie vie. "J'ai travaillé en télé [sur Les Bleus, saison 3] où on passe son temps à policer le texte. Là, j'avais une vraie liberté de ton. C'est un rêve d'ado !" Qu'ont pu goûter gratuitement, depuis janvier 2010, 300 000 internautes grâce à une bande passante. "Captain Brackmard est un film pour ceux qui ont décidé de consommer le cinéma autrement", clame Pascal Jaubert.

"Et de le faire autrement", pourrait-on ajouter. Sous forme associative par exemple, comme Rémi Hoffmann, 30 ans et monteur, qui met en scène Les Seigneurs d'Outre-Monde depuis 2009. "On est 150, dont 70 figurants, à travailler sur le tournage. Des spécialistes des costumes, des effets spéciaux, du maquillage... Le résultat n'est pas totalement professionnel, mais honnête. Il permet de valoriser les compétences de chacun." En attendant que le film soit fini (cet hiver, normalement), Hoffmann alimente régulièrement un site de bandes-annonces et de making-of, participe à la Japan Expo, grande foire des fans de mangas, jeux vidéo et cinéma de genre (la prochaine débute le 30 juin à Villepinte, en Seine-Saint-Denis), où il vend des CD de la bande originale, l'affiche ou encore des marque-pages à l'effigie de son film. "L'idée n'est pas de générer des bénéfices, mais faire connaître Les Seigneurs d'Outre-Monde, explique Rémi Hoffmann. On l'enverra ensuite dans des concours, des foires médiévales, et même à la télé s'ils en veulent."

L'enthousiasme de ces agités de l'image égale la rage de banlieusards tout aussi débrouillards. En novembre 2010, Vincent Peltier balance sur le Net Two Bang Bang, pérégrinations drôlement violentes de deux tueurs tournées en sept jours. Début mai, Jean-Pascal Zadi sort en DVD et sans l'aide de personne Sans pudeur ni morale, réalisé en neuf jours et dont le propos rappelle La Haine, de Mathieu Kassovitz. Tout le monde veut tourner. Et, grâce au numérique, tout le monde peut tourner. Vite. Tout de suite. On n'a pas d'argent, mais on a des choses à dire. A montrer. A partager. Et ce, sans perdre de temps à monter des dossiers pour obtenir des financements ou des aides. D'ailleurs, au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), "on ne s'est pas encore penché sur cette nouvelle tendance", dit-on. Ils devraient. C'est brindezingue, mais rafraîchissant.


Sur le tournage des Seigneurs d'outre-monde, de Rémi Hoffmann, une épopée réalisée avec un budget de 30 000 euros. Et pourtant, 150 personnes, dont 70 figurants travaillent sur le film.


Les opiniâtres Pas de distributeur ? Pas de problème !

Automne, de Ra'up McGee, est un long-métrage professionnel jusqu'au bout des ongles de ses comédiens (Irène Jacob, Laurent Lucas...). Pourtant, faute de distributeur, il est directement mis en ligne sur Google Vidéo en décembre 2006. C'est une première. 800 000 personnes en deux mois vont le voir une fois gratuitement, puis, s'ils le veulent, le télécharger, moyennant 2,80 euros. On croit à une nouvelle ère. C'est plutôt un faux départ. Car peu emboîtent le pas à McGee. Néanmoins, la solution fait lentement mais sûrement son chemin. En 2008, Mathieu Kassovitz et Augustin Legrand, eux aussi en panne de distributeur pour Les Enfants de Don Quichotte, mettent le film sur Dailymotion : 500 000 clics prouvent que le documentaire a un public. Et le long-métrage de connaître finalement une sortie en salles.

Mais cette fameuse sortie en salles, qui confère au cinéma toute sa noblesse, ne devient-elle pas un accessoire de luxe ? Des quelque 240 longs-métrages distribués chaque année, moins de la moitié sont rentabilisés sur grand écran. Alors certains pensent au petit. Celui de l'ordinateur. Eric Atlan, producteur des Démons de Jésus, vient de réaliser et produire Mortem, thriller métaphysique d'un coût de 500 000 euros qui verra le jour sur le Net en janvier 2012 et, en même temps, dans un ou deux cinémas. "La salle est devenue un outil de promotion, mais n'est plus une source de profits, sauf pour une petite poignée de films." Atlan a mis au point une stratégie. Depuis début 2011, Mortem écume les festivals du monde entier et accumule les prix : meilleur scénario à Los Angeles, meilleur film à Mexico et à Honolulu... Fort de cette bonne réputation, le long-métrage pourra être téléchargé pour 1 ou 2 euros. Et, pourquoi pas, à l'étranger, être vendu clefs en main à un annonceur qui, après l'avoir estampillé, se chargera de le diffuser sur la Toile ? Pour certains, ce sera un sacrilège. Pour d'autres, un moyen de rentabiliser leur création. L'éternel paradoxe de l'art et de l'industrie.


Les "old school" Court toujours !

Avant de passer au long-métrage, on commence par un court. C'est le cursus classique. Et, il y a encore quinze ans, il fallait trouver un producteur, des aides, se battre pour être diffusé en salles, prier pour être programmé à la télévision... Aujourd'hui, sur 1 389 films français inscrits au dernier festival de Clermont-Ferrand, Mecque du court-métrage, 675 ont reçu un visa d'exploitation. Donc, plus de la moitié ont été réalisés en marge du système et balancés sur la Toile comme autant de cartes de visite. "Ce n'est pas forcément un bien, tempère Georges Bollon, organisateur du festival. Fait-on un film pour se faire connaître ou accomplir une oeuvre ?" Beaucoup ne se posent pas la question. A l'Agence du court-métrage, à Paris, association chargée de soutenir et promouvoir le court-métrage en France, un comité de sélection a été mis en place il y a trois ans. "On ne peut pas accueillir tous les films, dit une responsable. On ne prend que ceux susceptibles de pouvoir être diffusés en salles, à la télé ou sur une plate-forme de VOD." Et l'Agence en a déjà 50 000 en magasin. Celui qui veut se faire connaître ne doit pas être bon, mais génial.


Les pionniers Le cinéma mobile

Encore moins cher et plus petit qu'une caméra numérique : le téléphone ! Morgan Simon, 26 ans, est un habitué du Mobile Film Festival, qui s'est déroulé à Paris au mois de février. Pour la première fois, il a décroché le grand prix, 15 000 euros, destinés à financer un court-métrage. Qu'il ne tournera pas avec son smartphone. "C'est juste un outil de laboratoire." Même Bruno Smadja, organisateur de la manifestation, le reconnaît : "Un mobile n'est pas fait pour tourner un long-métrage, mais cela reste un très bon média pour apprendre la synthèse." D'ailleurs, les films avaient une durée limitée à une minute. Pain bénit pour le Net, où le très court de Morgan Simon a été vu par 15 000 internautes. Le Forum des images (dans le Forum des Halles, à Paris), qui avait lancé de son côté le Festival Pocket Films, est déjà passé à autre chose. Il inaugure, les 24 et 25 juin, le MashUp Film Festival, consacré à des mixages et détournements d'images et de sons numériques. Le cinéma ne fait pas que se renouveler, il se recycle.

Par Christophe Carrière


Les films à suivre :

de Rémi Hoffmann

de Vincent Peltier

de Pascal Jaubert

de Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard

Source :
http://www.lexpress.fr/

Article original :
http://www.lexpress.fr/culture/cinema/l ... tor=AL-447

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