Messagepar Thorn » 17 Avr 2007 13:11
Salut !
Etant particulièrement fan du film de genre, notamment le fantastique, je me suis dis que là, j’allais me faire plaisir.
J’ai donc regardé le film et en voici ma petite critique.
Une nouvelle fois, cette critique n’engage peu moi. J’écris ce que je pense, et je ne juge que le film, pas les personnes qui y ont participé. Je fais abstraction des moyens mis en œuvre pour ne me concentrer que sur le résultat final.
Dans ce cas particulier (le fantastique), vu que je suis assez fan, je risque d’avoir un mal à excuser les petits écarts…
Au risque d’avoir de nouveaux mails n’insultes anonymes (oh oui, insultez-moi, j’aime ça !), je me relance dans la critique !
C’est partit !
Réalisation :
Dans l’ensemble, quelques bonnes idées de mise en scène même si cela ne bouge pas vraiment dans le fond. Ce qui m’a le plus exaspérer, c’est la direction d’acteur. Là, franchement, c’est très moyen ! L’acteur principal ne se débrouille pas trop mal, quand il ne parle pas. Mais alors ses copains, c’est quelque chose ! Je n’ose à peine me remémorer la prestation du prof d’informatique (qui au passage ne doit pas avoir plus de 18 ans) qui ne croit pas du tout à ce qu’il dit.
En fait, on a l’impression que les comédiens, notamment dans les dialogues, sont en perpétuelle impro. Lorsqu’il s’agit d’un acteur professionnel, on a des chances de faire illusion et de s’en sortir. Mais s’il ne l’est pas, c’est autre chose… Non franchement la direction d’acteur, c’est pas ça.
Le comédien principal s’en sort un peu plus que ses amis même si son visage n’a que deux expressions : la fatigue et la peur (il fait super bien l’épuisé !).
J’ai tout de même une question (mais on n’y reviendra dans la partie scénario), qui a pondu les dialogues ? La première séquence dialoguée est culte. La discussion entre les copains est risible et inutile.
Quelques idées de mise en scène cependant avec la séquence où l’on suit le personnage errer dans les couloires avec un plan fausse-bulle et un lent panoramique circulaire. On n’y comprend strictement rien (le tee-shirt change de couleur) mais l’effet de semi-fondus est sympa.
La mise en scène, mis à part les quelques fausses-bulles et effet de style, n’est pas fantastique (je parle du genre). On est plus proche d’une mise en scène télé avec une approche d’un monde terre à terre, qu’un monde dit magique. Et du coup, l’ambiance qui se voulait fantastique, voir oppressante, n’est pas du tout au rendez-vous.
Du coup, on se retrouve devant un personnage qui a la gueule de bois et qui erre dans les couloirs d’un lycée un peu vide, mais sans rien d’inquiétant. Par moment, on a la vague impression qu’il est pourchassé (par quoi ?) mais pas plus.
Je n’aime pas les voix off. Je trouve que c’est trop simple de dire, plutôt que de montrer. Et en court-métrage, c’est encore pire ! Souvent même, sans la voix off, mais si tout n’est pas expliqué, ça passe mieux. Là, c’est le cas. Ce que dis le personnage, en off, n’apporte rien, et je n’y comprends même rien ! J’ai l’impression de me retrouver en festival, devant l’un de ces innombrables films d’écoles qui tentent de sous-philosopher.
Quelques plans intéressants sur un écran noir plein de traces de doigts (ça aurait été plus sympa de le nettoyer) et sur un réveil qui bip comme le mien (j’ai un fait un bon sur ma chaise quand il a sonné, je me suis cru à la maison !).
J’aime tout de même le zoom lent sur la grille de ventilation et les quelques plans d’ambiance dans les couloirs qui parvient à nous faire dire : tiens, y’a un truc pas net ? Mais de là à croire à du fantastique. Non ! On dirait plutôt que le personnage s’est shooté et que cela ne lui va pas du tout…
En parlant de zoom, je préfère largement les travellings.
Toutes les premières séquences sont très longues (le footing, la nuit, le réveil) et ne servent strictement à rien. Je me suis même posé la question sur le rapport entre le début et la suite du film. Cela fait plus début d’un docu sur la campagne Rhône-alpine que film.
Justement, par rapport à ses premières séquences, qu’elle est l’utilité des panoramiques ? Ils n’apportent rien, puisqu’on ne voit rien. Alourdir encore un peu plus le rythme du film ? Idem pour les pano dans les couloirs. J’ai l’impression qu’il y avait une certaine recherche, un effet à produire, mais lequel ?
Quelques idées sympas comme le changement de couleur du tee-shirt (je comprends pas trop le pourquoi mais bon) et le stylo que le personnage fait tourner (bleu, puis rouge, on l’inverse).
Les plans rapprochés sur le visage du personnage renforcent l’impression de fatigue et son mal être passe bien. L’effet d’errer dans le lycée passe bien aussi.
Image :
C'est correcte.
Lumière d’ambiance, parfois bonne (devant les ordinateurs), moins bonne (les couloirs), mauvaise (la chambre). La lumière doit apporter un ton, une ambiance, un propos. Là, elle n’est pas utilisée, à part, peut être, devant l’ordinateur, le soir.
Si l’on part avec le postula de faire un film fantastique, pourquoi ne pas utiliser ce qui nous permet de poser une ambiance fantastique. La lumière y contribue énormément. Dans ce film, son in-exploitation pèse énormément.
Si les cadrages fixes sont, en générale, plutôt bien posés, les panoramiques sont franchement hasardeux. Les mouvements sont saccadés (horreur !) et on se demande si le cadreur sait où il va s’arrêter. Un pano, mais pour montrer quoi, et jusqu’où ?
Le pire des mouvements est le panoramique circulaire de fin qui bouge dans tous les sens. C’est épuisant à suivre.
Petite déception aussi quant au plan fausse-bulle dans le couloir. Le personnage doit se démultiplier dans le même plan, et l’image n’est pas tout à fait calée. Du coup, à cause des sautes d’images, on ne croit pas à la démultiplication.
Les plans à l’épaule sont assez bien réussis et c’est peut être le seul moment où l’on ressent éventuellement le danger pour le héros.
Bande-son :
Si la prise de son direct est franchement moyenne, les sons seuls rajoutés après sont plus intéressants. Je déplore les boucles de son que l’on entend parfois, mais j’aime bien les petits bruitages et bestioles qui gravitent autours du personnage.
Le son de ce film est peut être, dans le fond, la seule véritable donnée fantastique que l’on a. Ou tout du moins, c’est le seul truc qui nous fait dire qu’il y a quelque chose d’étrange qui se produit.
Il maque encore d’ambiance sonore (des pas dans le couloir par exemple) qui habilleraient d’avantage le film.
Montage :
Des idées, mais dans l’ensemble c’est bouillon. Ça manque de rythme, ça manque de force. On sent que le montage fait son possible en proposant des effets de tous styles pour tenter de provoquer (à défaut des images) un peu d’inquiétude chez le spectateur. Mais, si des images, l’ambiance étrange ne parvient pas à se diffuser, le montage n’en sera que plus difficile pour attirer le spectateur sur les pans de l’univers fantastique.
Là où je dis « stop », ce sont les arrêts sur image ! Alors là, non ! Eventuellement, un ralentit extrême, mais des freez. C’est pas possible. Pour sortir le spectateur du film, y’a pas mieux. Et puis, il y a tellement à faire quand une image bouge. Le diaporama, très peu pour moi !
Il y a un plan que je n’ai pas compris qui se situe entre la sortie des toilettes et l’entrée dans le couloir. C’est quoi ?
Il y a quelques effets d’accélération et de ralentissement qui n’apportent pas grand chose. Mais ils habillent la pauvreté de l’ambiance.
Les transitions noires avec un cercle central qui se ferment m’ont laissé dans l’incompréhension. Elles veulent dire quoi ? J’avoue que j’ai du mal avec ce genre de transitions dites « institutionnelles ». Un bon cut ou un balayage avec la caméra est tellement plus payant.
Certains cut dans la musique sont franchement hasardeux.
Petit plus pour la scène du réveil qui n’est pas trop mal montée.
Musique :
Oulala… Je ne vais pas m’attarder, mais quel est le rapport entre la musique utilisée et le film ? ça ne colle, mais alors, pas du tout.
Dernière petite réflexion quant à la musique. J’aime la grande musique, mais si les images sont en dessous de la partition, de son orchestration et de son interprétation, le décalage est vite indigeste...
Décors/Maquillages/Costumes :
Les décors sont plutôt bien choisis. On croit à la chambre d’étudiant et les couloirs du lycée semblent interminables. J’aurais bien aimé, pour ma part, qu’on se retrouve dans les sous-sols du lycée…
Je regrette qu’il n’est pas été choisi, pour les décors extérieurs, de lieux avec une vraie profondeur de champ. Les profondeurs de champ dans la classe avec l’enfilade des ordinateurs ne sont pas exploitées non plus, dommage…
Il n’y a pas de maquillage. Pourquoi pas, mais j’aurais bien vu quelques gouttes de transpiration lorsque le personnage panique, où qu’il ai vraiment la tête du type qui se réveille lorsqu’il émerge du sommeil le matin. On laisse de côté trop vite le maquillage qui souvent apporte énormément un rendu du jeu du comédien.
Les costumes sont relativement classiques. Même si je n’ai pas compris le pourquoi, j’ai bien aimé le changement de couleur du tee-shirt du héros.
Scénario :
On ne le répétera jamais assez. La base du film est le scénario. Et là, il est vraiment très moyen. En fait, je n’ai rien compris.
Si je résume. Un étudiant se réveille le matin, épuisé, parce qu’il a bossé trop tard le soir. Au lycée, dès l’un de ses cours d’informatique terminé, il va se passer de l’eau sur la figure pour se réveiller. Et là, il semble poursuivit par un truc. Il gravite de couloir en couloir. Puis il se voit allongé en bas des escaliers. Il philosophe 30 secondes sur la mort. Se réveille sur son bureau, en cours. Philosophe encore 20 secondes sur son ennuie, et se réveille dans sa chambre. Là, il regarde part terre, il y a des bouquins sur le cinéma. Fin…
Je n’ai pas raconté la scène d’intro où l’étudiant fait son footing dans la forêt, où il rame pour se réveiller jusqu’au moment où ses amis viennent le chercher pour aller à l’école. Mais bon, ça n’apporte absolument rien au film.
Pleins d’idées qui ne s’enchaînent pas ; ça part un peu dans tous les sens. Le film finit sur des bouquins de cinéma, puis générique en incrustation sur une rivière. C’est très vide. Là non plus, je n’adhère pas du tout.
En gros, il ne se passe pas grand chose, à part quelques longs moments de contemplation inerte. Je reste vraiment sur ma fin. Quelle est l’idée du film ? Qu’est qu’on a bien voulu raconter ? Du coup, il est mort ou pas cet étudiant ? Il y a t’il une analogie entre la mort et l’ennuie ?
Franchement, j’ai vraiment trouvé le scénario brouillon et mal-habile. On n’y comprend pas grand chose, et le peu que l’on cherche à comprendre ne nous apporte rien.
Les dialogues sont mauvais (ont dirait qu’ils ont été improvisés en 2 minutes sur le tournage) et le texte cité en voix off est incertain et maladroit. Pourquoi ne pas l’avoir exprimé avec des images ? Trop facile la voix off, et souvent mal utilisée. Ce film en est la parfaite illustration.
Je ne me suis pas ennuyé en regardant ce film, parce que, tout au long, je me suis demandé où il allait m’emmener. Techniquement, ce n’était pas trop mauvais, et j’avais envie d’en voir plus. Seulement, ce court-métrage ne m’a emmené nul part. Je suis arrivé à fin, comme je suis arrivé au début, sans rien…